(je suis une sale privilégiée), et comme je n’ai pas mon permis B (ni aucun autre d’ailleurs), j’ai fourni l’auto et Capitaine Marco a fourni la conduite (il s’appelle Capitaine Marco car il affectionne la sauce au vin blanc).
Faisant montre d’un civisme exemplaire, nous sommes passés par la Suisse pour rouler comme des mongoles sur l’autoroute gagner du temps. Là-bas on ne capte pas Chérie FM (la radio préférée de Capitaine Marco, mais il ne faut pas le dire à ses soldats parce qu’après ils vont penser qu’il est pédé) alors on était bien obligé de badiner joyeusement pour faire passer les kilomètres.
Quand on a eu fini de causer* de nos mères et des clips de Michael Jackson , on a été bien obligé de parler de travail.
* c’est une tournure de phrase qui existe en Franche-Comté.
Et toi, il m’a fait capitaine Marco, t’es chef de quelqu’un ?
Oué, j’ai répondu en sous-entendant que j’étais très haut placé dans le monde de l’Internet, je suis carrément cheffe.
Cépamal d’être chef, il a enchaîné avec l’air de celui qui donne des ordres intelligents comme lavez-moi les communs à la brosse-à-dents bande de gros tas, t’es cheffe de combien de personnes ?
8 ou 14, j’ai répondu en grossissant honteusement le nombre (mon équipe est tellement efficace qu’elle compte triple). Enorgueillie par ma propre importance, j’ai poursuivi d’un air supérieur avec un et toi ? totalement condescendant (je ne suis pas une personne très sympa).
135, il a répondu modestement.
CENT-TRENTE-CINQ.
Même en admettant qu’il soit totalement mytho, ça fait quand même beaucoup. Honnêtement, ça m’a bien donné envie de fermer ma gueule.
J’ai donc allumé la radio : c’était en suisse-allemand (une langue qui se rapproche beaucoup du barbare) et j’ai fait semblant de comprendre (et de m’intéresser) pendant le reste du trajet.
#voilàvoilàvoilà
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