nous avons souhaité louer une Trabant, quand la Princesse et l’Aventurier sont venus passer des vacances qualité à Berlin.
Honnêtement c’était une riche idée (la mienne, sans vouloir insinuer que je sais me servir de l’Internet), d’une part parce qu’il pleuvait et d’autre part parce que nous sommes tous les trois bien bien nostalgie. J’ai donc appelé le type de la location qui doit bien se faire des couills en or avec les sous des touristes et Alexis (pas seulement pour remplir la quatrième place : Alexis est une personne de qualité, j’en veux pour preuve qu’il a été un champion de tumbling).
Il fallait se déplacer loin dans la banlieue pour aller chercher la merveille, tellement loin que quand on s’est retrouvé en train de presque traverser un ruisseau, la Princesse a failli pleurer comme quoi elle était sûre qu’on allait la perdre dans la forêt (je n’ai rien dit, mais entre nous si je voulais la perdre quelque part et faire en sorte qu’elle ne revienne jamais, je choisirais plutôt les entrepôts Marc Jacobs).
Quand on est arrivé, c’était un garage tout ce qu’il y a de plus classique : des autos, des outils et de la testostérone sous forme de salopettes pleines de cambouis. Helmut Sens-Pratique et Karl-Peter Sensibilité nous attendait avec les clés de la Trabi (une blanche avec de la fausse fourrure sur les sièges arrière !). Pendant qu’Helmut expliquait en schleu à l’Aventurier des choses qui concernaient sûrement la traction avant, les plaquettes de frein et le niveau d’huile (on ne saura jamais vraiment), Karl nous confiait qu’il aimait beaucoup son travail (réparer des camions) mais qu’il avait également des activités extra-professionnelles.
Aucun de nous n’a vraiment relevé (la Princesse ne parle pas schleu, Alexis n’en avait visiblement rien à foutre, et moi j’étais déjà très occupée à glousser en regardant l’Aventurier se démener avec la boîte de vitesse), mais il a quand même insisté attendez attendez je vais vous montrer (SOIT).
Il est revenu visiblement très fier de lui avec deux flyers en papier glacé, qu’il m’a d’abord donné à moi
J’ai jeté un coup d’œil par politesse : sur le premier, Karl avait l’air d’être un très bon guide pour les touristes et un excellent conducteur de la Trabi Staatspolizei.
J’ai continué distraitement avec le deuxième flyer, et là BAM j’ai vu que ce brave homme y posait au recto en tenue d’écolière un peu salope avant de lire au verso la liste détaillées des services proposés par cette bien nommée Mandy Flower. (Salut, je répare les pare-brise et je mets des bas résilles pour vous accompagner dans vos soirées SM).
Je me suis sentie dans l’obligation de penser très fort à la faim dans le monde et de faire ah oui super ça a l’air très intéressant, sur le ton de la fille qui trouve ça tout à fait normal que son garagiste se travestisse à ses heures perdues, avant de faire passer les flyers à mes deux comparses.
Alexis a pris l’air concentré du type qui ne voit pas le problème, et la Princesse a fait ah oui très joli sans moufter mais en évitant consciencieusement de croiser notre regard.
Ceci dit, le serre-tête rose et les ongles manucurés auraient pu nous mettre la puce à l’oreille.
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