(c’est vrai) mais cette fois-ci je dois vraiment en trouver un parce que j’ai fait la maligne et j’ai déposé mon préavis alors voilà quoi*. Du coup ces derniers jours je me suis pas mal rencardée sur l’Internet mondial pour checker les logements de Berlin de type grands beaux pas chers avec un balcon proche du métro sans vis-à-vis et qui sent la rose.
*donc si quelqu’un veut mon appartement il faut me donner un gros bakchich m’écrire un courriel électronique.
Pour être honnête, depuis que j’ai quitté la Capitale, j’aime beaucoup ça les affaires de l’immobilier locatif parce que j’ai l’impression d’avoir un pouvoir d’achat de maboule et l’embarras du choix (quand on habite dans la Capitale on prend les 4 premiers murs qu’on a, après avoir couché avec une douzaine d’agents immobiliers et photoshopé sa fiche de paye pour afficher un revenu à dix mille boules).
Du coup je fais des visites et tout, et c’est pas mal rigolo, comme hier par exemple. J’étais tranquilou en train d’attendre l’agent immobilier devant la porte du Albestr. 16 (Friedenau c’est mon nouveau quartier préféré) quand elle est arrivée fournie avec un homme-caméra, un homme-micro et une femme-investigation.
Bonjour, elle a fait, ça c’est des gens de la tévé, je les emmène avec moi pour qu’ils fassent leur reportage sur les logements à Berlin, j’espère que c’est d’accord avec toi. Moi franchement c’était plutôt d’accord parce que je dis toujours des choses très intelligentes quand je suis filmée de tout façon aucun de mes amis ne possède de tévé, en revanche c’était plutôt moyen d’accord pour qu’on se tutoie (mais je n’ai rien dit parce que je ne voulais pas avoir l’air de faire des histoires).
On est tous monté à l’appartement et là l’homme-caméra a filmé des choses très intéressantes, comme moi qui ouvre une fenêtre pour vérifier l’isolation (je ne fais jamais ça, mais j’ai pensé que ça ferait un peu d’action) et moi qui pose des questions pour savoir rapport au chauffage central et à la peinture de la cage d’escalier. Sans me vanter, j’étais plutôt bonne dans mon rôle de visiteuse d’appartement, alors c’est sûrement pour ça que la femme-investigation m’a demandée si ça me dérangerait qu’on m’interroge sur ma recherche de logement.
Ca ne me dérangeait pas trop parce que j’ai pensé qu’il était grand temps que quatre-vingt millions de schleus en connaissent un peu plus sur ma vie (c’est la moindre des choses). La femme-investigation m’a posée des questions très pertinentes, l’homme-micro il a fait rohlala c’est vraiment süss mon accent français, l’homme-caméra il a fait comme quoi c’était bien vrai, à la suite de quoi on m’a demandé mon avis sur le marché de l’immobilier à Berlin.
Alors il y a une règle de base avec moi : il ne faut jamais me demander mon avis. J’ai toujours envie de dire des choses radicales à gogo et après j’ai l’air d’une connasse (alors qu’en vrai sur la plupart des sujets, je n’ai pas vraiment d’opinion).
Du coup j’ai dit comme quoi c’était très très facile et très pas cher du tout de trouver un habitat convenable dans cette ville, et que je ne comprenais pas pourquoi les schleus ils n’arrêtaient pas se de plaindre et qu’ils feraient mieux d’aller voir comme c’est relou ailleurs au lieu de se lamenter. Après j’ai raconté que je voulais changer de quartier parce que j’en avais marre de tous ces hipsters et aussi que dans la vie j’avais surtout besoin d’un supermarché et d’un DM à proximité, et puis que s’il n’y avait pas trois cafés au mètre carré je m’en remettrai. J’ai terminé ma diatribe avec un argument percutant : de toute façon la qualité du bâtit est bien meilleure à Berlin Ouest. Il va de soi que 1) je n’en sais rien du tout et que 2) cela m’importe peu, mais c’est Cécile qui m’a dit ça l’autre jour et j’ai trouvé que ça avait l’air très intelligent et très connaisseur alors je l’ai répété pour faire mon intéressante.
Après ça, je ne sais pas si l’homme-micro trouvait toujours que mon accent était süss, mais la femme-investigation elle m’a dit merci c’est très bien avec un regard qui signifiait putain je suis tombée sur une bonne cliente.
Maman, papa ! Je vais passer pour une connasse à la tévé ! (mais ça va, ça ne me dérange pas trop).
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