On a beau dire, c’est souvent la première impression qui compte (même si des fois on voit un type et on se dit ohlala quel bouffon et qu’après il est sympa, c’est quand même rare qu’on le trouve sympa au point de finir par partager un loyer et des vacances en Sardaigne).
Par conséquent, il est très important de bien foirer son approche histoire de battre en brèche toute velléité de séduction chez la partie adverse. Personnellement, je me suis beaucoup entraînée et j’ai atteint un bon niveau de professionnalisme (encore testé et approuvé samedi soir).
On est sorti en discothèque à Paris avec Victor et les Rovers (qui sont les copains de l’équipe de foot, mais je n’avais jamais pensé à préciser que leur nom de terrain c’est les Rovers jusqu’à ce que Mat et Thomas trouvent ça vraiment très LOL). Ils étaient tous venus de Berlin faire les malins dans la Capitale, et puis au final ils se sont faits dérouiller par une équipe de football du XVe arrondissement (Victor dit que non, qu’ils ont bien joué et toussa, mais honnêtement ils n’avaient pas la tête des mecs qui se sont donnés beaucoup de peine pour faire des buts à gogo). Du coup il fallait qu’ils se consolent et on est allé dans une discothèque qui ne fait pas tellement partie de mes habitudes (la dernière fois que j’étais là-bas c’était en 2002 et je pensais que c’était pas mal la classe de rouler des galoches après deux-trois malibus)(LOL).
(Si je ne précise pas que Victor connaissait les organisateurs, l’histoire ne sera pas crédible car aucune équipe de football (même les Rovers) ne rentre en discothèque avec aussi peu de filles (et surtout des filles à serre-tête comme moi).
Dans cette discothèque que je ne fréquente jamais, il n’y avait pas tellement de surprises, des tas de mèches avec des chemises à carreaux et des tas de sacs Darel qui pendaient dans le vestiaire (ça m’avait beaucoup manqué pour être honnête). Bref, on était parti pour bien rigoler, d’autant plus qu’ils avaient décidé de passer de la musique pas mal rankée sur l’échelle du rock’n roll de rallye.
Moi j’avais surtout prévu que les mèches avec des chemises à carreaux m’offrent des gin tonic avant de retourner sur le dancefloor avec les Rovers, quand j’ai montré à Victor une mèche avec une chemise à carreaux qui n’avait pas l’air très différent des autres sauf qu’il ne faisait pas trop le kéké avec un stick fluo et une casquette de marin. J’ai pensé que ce serait l’occasion de tester une phrase d’accroche pourrave : j’ai demandé à Victor ce qu’il en pensait et il m’a dit comme quoi il avait l’air Marseillais et que je devais aller lui demander son numéro de téléphone.
J’ai minaudé deux minutes en faisant genre ah ouiii tu croooiiiiiiis mais naaaaan chais paaaaas, et puis quand j’ai eu l’impression d’avoir assez hésité pour ne pas passer pour une fille qui n’a aucun état d’âme, je suis allée voir la mèche avec la chemise à carreaux.
(Observez, apprenez).
HEY, j’ai hurlé (on est en discothèque, les gens ne ménagent pas leurs cordes vocales), TU SAIS QUE TU RESSEMBLES À ROGER FEREDER ? (Arrêt sur Image : compliment banal totalement dépourvu d’intérêt qui n’engage pas la personne à rebondir avec un propos intelligent). TU ES MARSEILLAIS ? (Arrêt sur Images : déduction totalement ridicule basée sur la remarque d’un ami saoul).
MERCI, il a hurlé en retour, NON JE NE SUIS PAS MARSEILLAIS JE SUIS LILLOIS (Arrêt sur Image : la mèche avec la chemise à carreaux a déjà commencé à me détester parce qu’être Marseillais ce n’est pas très bien ranké sur l’échelle de la classe américaine on dirait).
SI TU VEUX J’AI UN NUMÉRO DE TÉLÉPHONE CELLULAIRE, j’ai dit, SI TU ME LE DEMANDES, JE TE LE DONNE.
… UN QUOI ? il a fait avec sa mèche sans yeux et sa chemise à carreaux sans opinion.
UN IPHONE DE LA 8e GENERATION INTERGALACTIQUE DOTÉ D’UN NUMÉRO, j’ai précisé. Et puis j’ai pianoté mon numéro schleu en pensant que j’en avais déjà marre de lui (cette mèche ne comprends pas les blagues au delà d’un certain nombre de décibels).
Il a compris. Et puis il a dit que OUI, HAHA OKÉ, MERCI SUPER, et puis un truc que je n’ai pas entendu mais que j’ai compris comme pauvre meuf, je ne vais certainement pas aller boire un verre avec quelqu’un qui pense que je suis marseillais.
Conclusion : une bonne accroche de merde, ça fait gagner du temps.
Mon conseil : ne pas hésiter à utiliser le très classique « hey, on se connaît ? », mais uniquement si on précise directement « t’es pas dans le même club de tuning que mon frère ? »
(De rien).
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