(pas tout à fait tranquillement pour être honnête, mais mon père lit ce blogue). On rigolait pas mal à parler des différences culturelles entre la France et les Schleus (ils mettent du concombre dans le Gin To et si vous voulez mon avis, ce n’est pas une obligation)(évidemment Victor vous dira le contraire mais lui c’est un citoyen du monde alors il y a de fortes chances qu’il aime la diversité et ce genre de conneries), et on se demandait qu’est-ce qu’on allait bien pouvoir faire après (probablement des choses très intelligentes comme aller danser dans une cave) quand il y a ce type qui est venu nous parler.
Ca ne me dérange pas outre-mesure que les gens viennent nous voir, mais pendant un instant j’ai cru que j’allais devoir parler schleu tout le temps, et avec cette musique ça allait être compliqué : le problème du schleu c’est qu’au delà de quelques décibels, tous les mots se ressemblent (si).
J’avais d’autant plus peur qu’au bout de trente secondes de conversation j’ai compris que le type nous entrainait du côté obscur de la force : l’Intelligence Culturelle, et plus précisément la Littérature (et là je parle pas de Bernard Weber et Marc Lévy, qui sont des hommes que je respecte beaucoup, notamment le premier pour avoir vendu un livre dont le titre comporte les mots étoile et papillon – si je vous assure). Mais ne vous inquiétez pas, avec Victor on l’a vite forcé à nous avouer qu’il avait fait français à l’école primaire afin de rapidos reprendre l’ascendant linguistique sur la conversation.
Je ne me rappelle pas de tout dans les détails (passer de la composition d’un gin tonic aux revendications sociales chez Vargas Llosa = démonstration in situ de la puissance du cerveau humain) mais je sais que 1) Victor a presque immédiatement fait le fourbe en juste me regardant ramer toute seule avec l’Ami Culturel et que 2) j’ai été obligée d’assez rapidement bitcher sur Vargas Llosa (par esprit de contradiction, car au final je n’ai absolument rien contre ce brave homme hormis le fait que j’ai détesté Le paradis un peu plus loin).
Ce jugement sans aucune valeur (je ne devais pas avoir l’air d’une très grande intellectuelle) n’a pas beaucoup plu à l’Ami Culturel qui m’a regardée du haut de ses études de littérature spécialité Amérique du Sud (si) en m’affirmant que j’avais moyen le droit de critiquer Llosa tant que je n’avais pas lu XXX (je le soupçonne d’avoir wikipédié ce mec aux chiottes pour chercher le titre en espagnol de son plus obscur essai histoire d’être bien certain que je n’en aurais jamais entendu parlé de ma vie).
(Je crois qu’il a cru un instant que tout le monde est payé pour avoir l’air intelligent et lire de la Littérature Mondiale).
Honnêtement, j’étais un peu vénère (mais je n’en ai rien montré parce que j’ai pensé que moi aussi je pourrais bien faire l’intéressante si on se mettait à parler du sujet de ma thèse)(d’accord, je n’ai pas fait de thèse mais je suis pas mal rankée sur l’échelle de Richter des choses de yiddish)(je lui aurais bien dit mais à la place j’ai préféré aller commander un gin tonic sans concombre).
Le lendemain j’en ai reparlé à Victor et il m’a dit comme quoi j’étais pas mal une connasse de réagir comme ça et que j’aurais du laisser une chance à l’Ami Culturel de me draguer tranquilou.
Donc les garçons, for the record : faire les marioles de l’intelligence littéraire sur vos sujets de prédilection, ce n’est pas une très bonne idée.
En revanche, on peut discuter de la pertinence des concombres dans le gin tonic.
(de rien).
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