me demande si ça se passe bien en Terre Sainte et si je mange bien toussa. Je me permet de le rassurer : oui maman, ici aussi (!) il y a des boulettes (mais ne t’inquiète pas trop car elles ne sont pas aussi bonnes que les tiennes) et je surveille mon apport en vitamine D (quand je ne fais pas attention aux choses de ma santé, j’ai des pneumonies ou d’autres maladies)(entre nous je suis plutôt étonnée de pas avoir encore attrapé la peste bubonique*)
*(les pathologies du Moyen-âge, c’est bien mon créneau ça).
En ce qui concerne le divertissement, je ne suis pas en peine non plus (mais comme il faut bientôt que j’aille retrouver Liora pour faire des activités intellectuelles*, je vais garder des histoires pour plus tard).
*Comme donner des conférences sur l’Influence du Rav Kook dans le mouvement sioniste religieux partir à la plage.
Déjà quand je suis arrivée à Tel Aviv, j’ai déposé ma valise à Yaffo (j’habite ici ! kikoo !), et j’ai préparé un petit sac pour partir à Jérusalem, en prenant bien soin d’oublier mon guide du tourisme (celui qui est en schleu, car je n’ai pas trouvé de langue avec un capital de sympathie moins élévé), ma crème solaire indice trois mille (mais ça va, je n’ai pas trop de souci avec les choses du bronzage rapide et uniforme) et ma carte de crédit française (celle qui fonctionne à l’étranger).
J’ai galéré pour trouver la gare centrale (je mets un point d’honneur à ne pas prendre de taxis), j’ai galéré pour trouver le bon étage, j’ai galéré pour trouver le bon terminal et j’ai galéré pour trouver le bon bus. Car quand je voyage, surtout je ne demande de l’aide à personne (j’ai trop peur que les gens découvrent l’horrible vérité sur mon statut de touriste européenne). Bref, je suis une grosse #gogole.
Avec toutes ces conneries, il était 22h quand j’ai posé mes fesses sous la climatisation du car.
Après une grosse demie heure de route (Israël ça fait la taille de l’Alsace, donc je ne sais pas si vous vous rendez compte mais Tel Aviv – Jéru c’est un peu comme si on faisait Strasbourg – Colmar), les gens du bus ils ont commencé à s’agiter un peu parce qu’il y avait des embouteillages à gogo. Le type à côté de moi il m’expliquait quelque chose et moi je disais ani lo mèvina, ani lo mèdabèrèt ivrit pour dire que mec, je ne capte pas un traître mot, mais merci quand même*.
*tout ce que je sais dire en hébreu a un rapport avec la nourriture.
J’ai fini par comprendre que c’était la pagaille à Jérusalem parce que Rav Elyashiv il était mort et que c’était l’enterrement. Du tous les gens qui étaient fans étaient venus en car de partout dans le monde pour l’occasion (on dirait comme ça que personne ne connaît ce rav Elyashiv, mais honnêtement il y avait des bus à gogo donc le type doit être bien ranké sur l’Echelle de Richter de la Sagesse Judaïque). Notre chauffeur à nous, ils nous a dit bon les enfants, la circulation est coupée, il faut terminer à pied (et bon courage parce que le tram non plus il fonctionne pas).
On est tous descendus du bus, sur un genre d’autoroute à l’entrée de Jérusalem, et là on aurait dit que c’était une manifestation de figurants recalés pour rabbi Jacob (je n’aime pas dire du mal des gens, mais vraiment ils étaient nombreux). Mais ça va, ça ne me dérange pas trop. J’ai pris mon petit sac sur mon dos, et j’ai fait spagrave, je vais aller à l’hôtel à pieds en marchant en direction des lumières (on dirait que j’ai fait les scouts, mais en fait non).
J’ai marché plutôt pas mal pendant des années lumières au milieu d’une marée d’hommes bien orthodoxes (ceux qui sont tellement orthodoxes qu’ils pensent qu’on est un bon juif que si on porte un caftan noir et un chapeau de fourrure, that kind of bien orthodoxe). Je crois qu’ils étaient environ un million selon les organisateurs et quarante millions selon moi (et la police). Au bout d’un moment, j’étais vraiment perdue mais FUN FACT #DIDYOUKNOW? je ne pouvais pas trop demander mon chemin parce que les gens ils n’ont pas le droit de me parler (je suis une femme et en plus j’avais bien l’air d’une énorme shiksè avec ma petite jupe et mon serre-tête doré).
Je ne suis pas vraiment du genre à avoir peur de dormir dans la rue ou quoi (LOL), mais il n’y avait pas de banc disponible aux alentours alors j’ai fait fuck, et j’ai cherché du regard un groupe de gens qui avaient l’air mieux rankés que les autres sur l’échelle de Richter de l’Entraide. Evidemment, comme les choses de l’hébreu que je connais me permettent uniquement de commander un coca zéro, et que les gens n’avaient pas vraiment la tête de ceux qui avaient fait la méthode assimil anglais, j’ai pensé kikoo le yiddish.
Je suis allée vers un type (celui avec le caftan noir et le chapeau de fourrure)(l’autre) et j’ai fait a gutn ovnt, et comme quoi je suis perdue et que je cherche mon hôtel, et que s’il pouvait m’aider ce serait vraiment zeyer feyn.
C’était rigolo parce qu’il a fait une tête comme s’il avait vu un dibbuk ou ta mère en slip, et puis il a dit avadè, bien sûr, et que c’était par là-bas (= loin). Mais j’ai l’habitude, les gens ils sont toujours surpris parce qu’honnêtement, je n’ai pas vraiment la tête d’une fille qui parle yiddish (j’ai moins de soixante-dix ans, j’aime les habits jaunes et je fais des blagues de ta mère).
D’habitude mes amis ils se moquent de moi à cause de ces choses du yiddish, mais honnêtement sans ça, je serais peut-être MORTE.
(si).
La prochaine fois je vous raconterai comment j’ai acheté des billets d’avion par Minitel.
Stay tuned.
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