j'ai raison deal with it

Ceci est un blog des années 2010, il ne contient aucun gluten, aucun covid, et il ne fait pas (encore) la guerre à l’Ukraine.

que je peux résumer ma soirée.

Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais j’aime bien les choses du yiddish; et comme mes amis (les vrais) ils préfèrent parler de la politique (ou d’habits), la vérité ça me fait plaisir de rencontrer des personnes à qui je peux parler de Shalom Asch en toute impunité. Le fait est que ça n’arrive pas excessivement souvent, alors je ne suis pas très regardante sur la qualité de mon interlocuteur. A partir du moment où il est d’accord pour m’écouter bitcher sur pourquoi je pense que Woody Allen a tout pompé à Isaac Bashevis Singer (Isaac ♥), je me considère comme assez chanceuse pour passer l’éponge sur un tas d’autre choses.

L’autre soir avec Odélia (ma copine de voisinage à Yaffo) on s’est fait entrainer dans un événement du divertissement judéo-arabe dans un théâtre de l’amitié judéo-arabe, dans le quartier bien judéo-arabe de Tel Aviv. Bref, on était bien ranké sur l’Echelle de Richter de l’Amitié entre les Peuples. Il y avait de la musique et des tas de trucs à manger. Sur la question du manger, on n’a rien touché parce qu’on venait de s’enfiler trois kilos de houmous chacune ainsi qu’un bon baquet de tomates cerises à l’huile d’olive (ça a l’air super léger comme ça, mais en fait non). Sur la question de la musique, c’était plutôt pas mal -et dieu sait que je déteste la world music (dès qu’il y a des tamtams ou des instruments du genre « kikoo je l’ai taillé dans un roseau », ça me donne surtout envie de faire un don à Culture Sans Frontières ou d’envoyer du riz en Somalie).

A la fin, Odélia (qui connaît toujours tout le monde) elle m’a présenté à des gens toussa, et dans le lot il y avait ce type de l’Amérique qui bourlingue au moyen-orient en faisant des percussions dans des groupes de world music (si) : bref, le type devait sans aucun doute être en sélection officielle pour les JO de la Citoyenneté Mondiale.

On papote on papote (ou plutôt : je le le fais parler, je le fais parler) : musique tribale Zzzzzzzz Alyah tardive Zzzzzzzzzz percussions africaines Zzzzzzzzz habité à Palma de Majorque Zzzzzzzzzzzzzzzzzz, bref, c’était super cool (là je suis une bonne connasse parce que la chose la plus intelligente que j’avais à raconter c’était comment faire se faire un chignon avec un stylo bic – true story) jusqu’à ce que BIM il me droppe qu’il parle yiddish comme aç au milieu de la conversation.

Vous pensez bien qu’il m’en a pas fallu beaucoup plus pour commencer à me la péter (j’en profite parce qu’en temps normal, c’est une compétence plutôt honteuse) et accepter son offre d’aller boire un verre le lendemain pour parler des choses du yiddish (un rendez-vous uniquement dédié à ça ! je ne peux pas refuser).

Le lendemain, il est arrivé avec son sac à dos rempli de ses trucs de musique, je lui ai demandé c’est quoi ce vase dans son sac, il a dit c’est pas un vase c’est des percussions tribales, j’ai pensé que ça commençait mal, il a pensé que c’était un signe d’intérêt de ma part, j’ai dit que je connaissais un bar sympathique, il a dit qu’il préférait aller boire une bouteille de vin au goulot sur la plage en regardant le coucher de soleil, j’ai fait LOL, il a dit quoi ?, j’ai compris qu’il était sérieux, et je l’ai suivi quand même parce que j’avais bien envie de parler de toutes ces choses de yiddish (surtout des choses du yiddish en Pologne et au 18e siècle).

On a parlé de sa putain de musique du monde (j’aime bien la B.O de Slumdog Millionnaire mais ça s’arrête là), de comment c’est trop bien de ne pas gagner sa vie mais de faire de la musique du monde à la place (kikoo assédics américains !), de comment c’est dur d’être juif en Espagne (zzzzzzzzzzzzzzzzzzzz), de comment c’est dur d’être juif en Amérique (zzzzzzzzzzzzzzzzz), de comment ça devait être dur d’être juif en 1943 dans le Ghetto de Varsovie (mais là je n’ai pas trop su quoi dire car il n’y a pas vraiment matière à débattre) , de comment ça doit être dur d’être juif au milieu des « choses de l’Islam » (c’est difficile de traduire quand il m’a parlé de « all these Islams » – je crois qu’il voulait dire « all the Muslims », mais c’est vrai, islam, musulman, arabes, QUI CONNAIT LA DIFFÉRENCE)(LOL), et plus globalement de combien c’est dur d’être juif (zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz).

Moi je ne savais pas trop quoi dire et puis j’en avais marre, je voulais parler de choses du yiddish, pas de ses problèmes de citoyen du monde. Du coup j’ai fait bon, t’as qu’à lire le Guide des Egarés, ça te fera du bien (c’était une blague évidemment, parce que sérieusement le Guide des Egarés il vaut mieux ne pas être trop paumé avant de le lire sinon ça rend ouf)(like, really). Il a dit ah oui super, comme quoi il aimait beaucoup Rachi.

Entre nous, s’il m’avait dit qu’il avait kiffé L’Iliade et l’Odyssée de Victor Hugo, ça ne m’aurait pas tellement plus fait rigoler. C’est à peu près à ce moment là que je me suis inventée une invitation à shabbat (oui, à 17h30) parce qu’à confondre Rachi et Maïmonide, c’est vraiment mal barré pour parler des choses du yiddish.

Bref, je suis une connasse (mais ça va, ça ne me dérange pas trop).

8 réponses à « « Speaking Yiddish won’t get you laid, mais c’est bien tenté » – c’est à peu près comme ça »

  1. Avatar de la belette

    J’arrive ton blog avec ce billet, et c’est ENORME.

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    1. Avatar de Les Princesses Ne Pleurent Jamais

      Bienvenue Belette, on voit tout de suite que tu es une personne de qualité.

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  2. Avatar de La Maman de la Princesse (l'autre)
    La Maman de la Princesse (l’autre)

    le public (ta mère) apprécie elle aussi comme il se doit l’ensemble des billets postés depuis sa terre d’adoption; voyage au pays de la rigolade matinale…

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  3. Avatar de Klaris
    Klaris

    Isaac ♥ !

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  4. Avatar de berger elisabeth

    Princesses, vous avez toujours été excellentissimes, peu de personnes possèdent ce don d’écriture si enlevée, spirituelle et drôle de surcroît (avez vous jamais pensé à changer de métier et devenir chroniqueuse à temps complet ?) et vos billets fréquents sur votre séjour me remplissent de bonheur. Je serais ravie de discuter avec vous des choses du yiddish en Pologne au 18e siècle et d’Isaac Bashevis Singer, mon écrivain culte.

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    1. Avatar de Les Princesses Ne Pleurent Jamais

      Elisabeth, merci pour tous ces encouragements qui me font TRES plaisir 🙂

      Quand vous voulez pour un café au thème IB Singer !!

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      1. Avatar de berger elisabeth

        Ce ne sont pas des encouragements, c’est de l’admiration 😀
        Pour le café cela serait génial mais Berlin c’est un peu loin….
        Profitez de votre séjour, des choses du yiddish et de toussa 😀
        A la joie de vous lire…

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